L'ancien président de la République publie cette semaine une longue tribune sur l'Europe. Une déclaration d'amour vigilante, exigeante et lucide.
Cela commence par : "D'aussi loin que je me
souvienne, je me suis toujours senti viscéralement français." Pour se
finir par : "Ne laissons pas détruire, ni aujourd'hui ni demain, ce
trésor !" Entre ces deux phrases : plus de 16 000 signes d'un vibrant
plaidoyer de six pages pour l'Europe ponctué de propositions concrètes et de positions affirmées. À trois jours des européennes, Nicolas Sarkozy
appelle à une rénovation en profondeur de l'UE, garante d'"un modèle de
civilisation" et s'appuyant sur "une grande zone économique
franco-allemande" et la sortie de l'actuel Schengen, dans une tribune
publiée jeudi dans Le Point et le quotidien allemand Die Welt. Dans cette tribune résolument pro-européenne, écrite alors que l'UMP
pourrait être dépassée, dimanche, par le Front national, l'ancien
président analyse la situation actuelle de l'UE, source d'"exaspération"
et de "colères" chez les Français qu'il dit comprendre.
Mais "ce n'est pas un paradoxe
que de plaider tout à la fois pour l'Europe et pour la défense de notre
identité, c'est-à-dire la spécificité de notre modèle", veut-il rassurer
les Français, nombreux à être réticents envers Bruxelles et sa
bureaucratie, comme le montrent les sondages. "Nous devons être
européens et français", plaide-t-il. Dans cette tribune, pas d'appel à
voter pour l'UMP, dont le nom n'est pas mentionné. Nicolas Sarkozy
propose des solutions pour corriger les "erreurs" du fonctionnement
actuel de l'Union. "Nous devons profondément refonder notre politique
européenne", affirme-t-il.
"Absence de leadership"
L'ancien
président, qui s'était efforcé, durant son quinquennat, de faire du
couple franco-allemand le "moteur" de l'UE (d'où le surnom de "Merkozy"
qui qualifiait ses relations avec la chancelière Angela Merkel), défend
"la création d'une grande zone économique franco-allemande". Dans une
pique à son successeur François Hollande, dont il ne cite pas le nom non
plus, il dénonce "l'absence de leadership" actuelle qui "met l'Europe
en danger". Cette grande zone "nous permettra d'abord de mieux défendre
nos intérêts face à la concurrence allemande, en gommant nos handicaps
fiscaux et sociaux", et "nous permettra ensuite de prendre le leadership
des 18 pays qui composent notre union monétaire", affirme l'ancien
président. Il souhaite également "plus d'intégration" pour les 18 pays
de la zone euro.
Alors que l'étendue des pouvoirs
dévolus à Bruxelles est régulièrement dénoncée aussi bien à droite qu'à
gauche, Nicolas Sarkozy veut supprimer "pas moins de la moitié des
actuelles compétences communautaires". Celles-ci "devront demain être
assumées par les États nationaux, et en regroupant les compétences de
l'Europe en une petite dizaine de politiques prioritaires et fondatrices
: l'industrie, l'agriculture, la concurrence, les négociations
commerciales, l'énergie, la recherche...", écrit-il, alors qu'il n'avait
jamais été aussi loin lorsqu'il était à l'Élysée.
"Suspendre Schengen I"
Face à "l'échec sans appel" de
"la question essentielle des flux migratoires" - dont le Front national a
fait son cheval de bataille -, Nicolas Sarkozy veut "suspendre
immédiatement Schengen I et le remplacer par un Schengen II auquel les
pays membres ne pourraient adhérer qu'après avoir préalablement adopté
une même politique d'immigration". "C'est une évidence", dit-il. "Ainsi
serait-il mis fin au détournement de procédure qui permet à un étranger
de pénétrer dans l'espace Schengen, puis une fois cette formalité
accomplie de choisir le pays où les prestations sociales sont les plus
généreuses. [...] Si nous ne réagissons pas rapidement dans les années
qui viennent, c'est notre pacte social qui va exploser", met-il en
garde.
L'annonce de la tribune de l'ancien président a
été diversement appréciée à l'UMP, qui a tenu mercredi un grand meeting
national dans le cadre de sa campagne pour les élections de dimanche. "Je suis bien heureux qu'il publie une tribune pour venir appeler les Français à la mobilisation !"
a lancé le patron du parti Jean-François Copé, sous les
applaudissements du public venu assister au meeting. C'est une tribune
"utile au débat", a affirmé de son côté Laurent Wauquiez, qui s'est
attiré les foudres d'une partie des dirigeants UMP pour son
euroscepticisme assumé. "C'est utile", mais "cela paraît ne pas mériter plus de commentaires [...] Ce n'est pas l'événement central de la campagne", a lâché François Fillon, son ancien Premier ministre. Voici quelques-unes des prises de position de Nicolas Sarkozy dans Le Point :
- "L'Europe nous protège des dérives idéologiques de nos gouvernants et des majorités qui les soutiennent."
-
"Il faut suspendre immédiatement Schengen I et le remplacer par un
Schengen II auquel les pays membres ne pourraient adhérer qu'après avoir
préalablement adopté une même politique d'immigration."
- "Nous devons cesser de croire au mythe de l'égalité des droits et des responsabilités entre tous les pays membres."
- "L'absence de leadership met l'Europe en danger, car sans vision, sans cap et sans priorité."
- "La Commission ne devrait plus avoir de
compétences législatives puisqu'il y a un Parlement européen, c'est à
lui et à lui seul de légiférer."
(Sources: http://abo.lepoint.fr/abonnement-numerique)
L'annonce de la tribune de l'ancien président a été diversement appréciée à l'UMP, qui a tenu mercredi un grand meeting national dans le cadre de sa campagne pour les élections de dimanche. "Je suis bien heureux qu'il publie une tribune pour venir appeler les Français à la mobilisation !" a lancé le patron du parti Jean-François Copé, sous les applaudissements du public venu assister au meeting. C'est une tribune "utile au débat", a affirmé de son côté Laurent Wauquiez, qui s'est attiré les foudres d'une partie des dirigeants UMP pour son euroscepticisme assumé. "C'est utile", mais "cela paraît ne pas mériter plus de commentaires [...] Ce n'est pas l'événement central de la campagne", a lâché François Fillon, son ancien Premier ministre. Voici quelques-unes des prises de position de Nicolas Sarkozy dans Le Point :
- "L'Europe nous protège des dérives idéologiques de nos gouvernants et des majorités qui les soutiennent."
- "Il faut suspendre immédiatement Schengen I et le remplacer par un Schengen II auquel les pays membres ne pourraient adhérer qu'après avoir préalablement adopté une même politique d'immigration."
- "Nous devons cesser de croire au mythe de l'égalité des droits et des responsabilités entre tous les pays membres."
- "L'absence de leadership met l'Europe en danger, car sans vision, sans cap et sans priorité."
- "La Commission ne devrait plus avoir de compétences législatives puisqu'il y a un Parlement européen, c'est à lui et à lui seul de légiférer."
(Sources: http://abo.lepoint.fr/abonnement-numerique)