jeudi 29 décembre 2016

Jean-Christophe Victor, expert en géopolitique et créateur de l’émission « Le dessous des cartes », est mort LE MONDE | 29.12.2016 à 10h02 • Mis à jour le 29.12.2016 à 12h43

Jean-Christophe Victor, expert en géopolitique et créateur de l’émission « Le dessous des cartes » sur Arte, est mort mercredi 28 décembre à Montpellier (Hérault), à l’âge de 69 ans.

Né le 30 mai 1947, Jean-Christophe Victor est le fils de l’explorateur polaire Paul-Emile Victor et de la journaliste de télévision Eliane Victor. Après un doctorat en ethnologie et un diplôme de chinois à l’institut des langues orientales (Inalco), il occupe plusieurs postes diplomatiques en Asie. Son premier livre, La Cité des murmures (1986, J.-C. Lattès), est consacré à son expérience en Afghanistan.
Entre 1980 et 1989, l’expert en relations internationales rejoint le centre d’analyse et de prévision (CAP) du ministère des affaires étrangères. Il participe également à la fondation de l’association Action contre la faim, à la suite de la crise afghane.

Vingt-six ans d’émission

Après avoir cofondé, en 1988, l’Observatoire européen de géopolitique avec Michel Foucher, Jean-Christophe Victor développe en 1990 une émission de géopolitique, « Le Dessous des cartes », d’abord diffusée sur La Sept puis sur la chaîne franco-allemande Arte. Durant vingt-six ans, il présente ce magazine hebdomadaire qui s’appuie sur des cartes de géographie pour analyser les relations internationales.
En parallèle, il fonde en 1992 le Laboratoire d’études politiques et d’analyses cartographiques (Lépac) avec Virginie Raisson. Enseignant et conférencier, il anime des séminaires de formation dans des universités ou des entreprises privées à travers le monde. Jean-Christophe Victor est également l’auteur de plusieurs ouvrages de géopolitique, dont le dernier, Le Dessous des cartes Asie, a été publié en septembre aux éditions Taillandier.

Un « emblème » d’Arte

Arte a salué, jeudi, dans un communiqué la mémoire de l’expert qui « a partagé le quotidien de la chaîne depuis sa création et a contribué étroitement à en façonner l’image » jusqu’à en devenir un « emblème ». La présidente d’Arte France, Véronique Cayla, a rappelé « ses qualités intellectuelles et humaines hors normes ».
La ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a rendu hommage sur Twitter au fondateur du « Dessous des cartes », en soulignant que « le savoir et la transmission étaient sa passion ».

dimanche 25 décembre 2016




Fondé en 1928, l’Ensemble Alexandrov, connu lors de ses tournées triomphales sous le nom de Choeurs de l’Armée Rouge, réunit quelque 200 chanteurs, musiciens et danseurs.
Son répertoire compte aujourd’hui plus de 2.000 oeuvres allant des chansons folkloriques ou glorifiant l’URSS à la musique sacrée en passant par les plus grands tubes modernes internationaux (comme cette reprise du Get Lucky des Daft Punk lors de l’inauguration des JO de Sotchi), qu’ils interprètent avec leurs voix puissantes et accompagnés de chorégraphies acrobatiques.
L’un des rares ensembles à partir en tournée à l’étranger à l’époque soviétique, les Choeurs de l’Armée Rouge ont donné aussi des centaines de concerts en URSS, enregistré des dizaines de disques et se sont imposés comme des participants incontournables des fêtes publiques. Lors de la Seconde guerre mondiale, ses musiciens ne connaissaient pas de répit, en donnant plus de 1.500 concerts pour les soldats soviétiques dans les zones de combats, comme dans les hôpitaux.
Dirigé pendant 18 ans par son fondateur, le général et compositeur Alexandre Alexandrov, l’ensemble a ensuite été confié à son fils, Boris, qui resta à sa tête de 1946 à 1987. Le dirigeant actuel des Choeurs de l’Armée Rouge, Valéri Khalilov, figure parmi les membres de l’ensemble qui devaient célébrer le Nouvel An sur la base aérienne russe de Hmeimim en Syrie, et se trouvaient à bord de l’avion qui s’est abîmé en mer Noire, alors que les autorités russes ont affirmé qu’il n’y avait « pas de signes » de survivants sur la zone.

« L’ensemble Alexandrov, c’est une carte de visite de la culture russe »

Valéri Khalilov « a apporté une grande contribution dans la culture contemporaine en tant que chef d’orchestre et compositeur », a déclaré une vice-Premier ministre russe, Olga Golodets, à l’agence officielle TASS, en qualifiant son départ de « perte irréparable ». « C’est une injustice énorme », a estimé pour sa part le pianiste Denis Matsouïev, en déplorant la perte d’un « maestro remarquable ». « L’ensemble Alexandrov, c’est une carte de visite de la culture russe », a-t-il souligné, cité par l’agence publique Ria-Novosti.
Ovationné par le public lors de ses nombreuses tournées dans plus de 70 pays du monde, en Europe comme en Asie, l’Ensemble est titulaire depuis 1935 de l’Ordre du Drapeau Rouge, l’une des plus hautes récompenses soviétiques, pour ses « mérites exceptionnels dans la culture ».

Souvent en concert dans des zones de combat

« L’ensemble Alexandrov est l’un des meilleurs du monde. Il se produisait toujours dans des zones de conflit (…). C’est une terrible tragédie », a déclaré Elena Chtcherbakova, directrice artistique du Ballet Igor Moïsseïev, à l’agence Ria-Novosti.
Les Choeurs de l’Armée Rouge sont en effet partis souvent en concert dans des zones de combat, en chantant devant des soldats en Afghanistan, en Yougoslavie ou encore en Tchétchénie. « Ils se rendaient en Syrie avec une très bonne mission, une mission de paix », a souligné le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev. « Il est impossible d’accepter cette perte », a-t-il ajouté.

dimanche 18 décembre 2016

Dr Heimlich : décès de l’inventeur du geste d’urgence



Le Dr Heimlich a inventé une technique qui porte son nom et qui permet de sauver les victimes d’étouffement en compressant leur abdomen.

Chirurgien américain mondialement connu pour la technique de premier secours permettant de sauver des personnes victimes d'étouffement, le Dr Henry Heimlich s'est éteint samedi à Cincinnati (Ohio), à l'âge de 96 ans.

La méthode ou manœuvre de Heimlich est un geste de premiers secours, simple mais souvent salvateur, permettant la libération des voies aériennes au moment d'un étouffement causé par un corps étranger comme par exemple une cacahuète.

Une première à 96 ans
Le Dr Heimlich avait inventé cette méthode en 1974. La manoeuvre requiert de la personne qui l'administre d'entourer par derrière le patient de ses bras et d'effectuer une série de pressions vigoureuses entre le nombril et le sternum. Le mouvement de la main provoque une remontée des viscères qui poussent le diaphragme et provoque une augmentation de la pression dans les poumons qui est ensuite relâché brutalement, comme dans le mécanisme de la toux.

En mai dernier, le chirurgien retraité avait été confronté à l'étouffement de Patty Riss, une résidente de la maison de retraite dans laquelle il vivait. Sans hésiter, il s'était placé derrière elle, et avait appliqué plusieurs coups sous les côtes jusqu'à ce que le morceau de viande coincée dans la trachée de la résidente soit éjectée et qu'elle puisse à nouveau respirer. « Cela m’a permis de découvrir comme il est merveilleux de pouvoir sauver toutes ces vies ». avait-il déclaré alors au quotidien The Cincinnati Enquirer. A 96 ans, c'était la première fois de sa vie qu'il utilisait cette technique qui en a sauvé des milliers d'autres.

vendredi 9 décembre 2016

L'ancien astronaute américain John Glenn est mort

    WASHINGTON, 9 décembre (Reuters) - John Glenn, premier 
astronaute américain à voler en orbite autour de la Terre, est 
mort jeudi à l'âge de 95 ans, a annoncé le gouverneur de l'Ohio, 
John Kasich, dans un communiqué. 
    Pilote de chasse au cours de la Seconde Guerre mondiale et 
lors de la guerre de Corée, John Glenn a plus tard été sénateur 
démocrate de l'Ohio de 1974 à 1999. 
    Son vol orbital du 20 février 1962 à bord de la capsule 
Friendship 7 fut une étape décisive pour la conquête américaine 
de l'espace, couronnée sept ans plus tard avec l'alunissage 
d'Apollo 11. 
    Barack Obama, qui lui a décerné en 2012 la médaille 
présidentielle de la liberté (la plus haute décoration civile), 
a rendu hommage à l'astronaute : "Avec la disparition de John, 
notre nation a perdu une icône." 
    "Quand John Glenn a décollé en 1962 de Cap Canaveral à bord 
d'une fusée Atlas, il a relevé les espoirs d'un pays", a déclaré 
le président américain. En 1962, l'Union soviétique était donnée 
en tête de la course à l'espace. 
    "Et quand son vaisseau Friendship 7 a amerri quelques heures 
plus tard, le premier américain à voler en orbite autour de la 
Terre nous a rappelé qu'avec du courage et un esprit de 
découverte il n'y a pas de limites aux sommets que nous pouvons 
atteindre ensemble." 
    Lors de son premier vol orbital, John Glenn avait déclaré: 
"Zéro gravité et je me sens bien", avant d'ajouter "Ah, et cette 
vue est extraordinaire". 
    Son vaisseau avait amerri dans l'Atlantique moins de cinq 
heures plus tard après trois tours de la planète, consacrant 
Glenn en héros national reçu par le Congrès. 
    Dans les années 1960, son vol historique en avait un favori 
du président John F. Kennedy  et de son frère Robert Kennedy, 
qui l'ont encouragé à se lancer en politique après une période 
lucrative dans les affaires.  
    Elu sénateur démocrate de l'Ohio en 1974, il devait pourtant 
revenir dans l'espace. Trente-six ans après son baptême orbital, 
le 29 octobre 1998, John Glenn est en effet devenu le plus vieil 
astronaute américain en mission, en participant à 77 ans à un 
vol du vaisseau Discovery. 
    Il avait été hospitalisé le 25 novembre, et est "décédé 
paisiblement", ont fait savoir ses proches. 
     
 
 (Will Dunham et Irene Klotz, Nicolas Delame et Julie Carriat 
pour le service français) 
 

lundi 5 décembre 2016

Régine Skorka-Jacubert est décédée

Née en 1920 dans une famille juive polonaise, Régine Skorka-Jacubert est morte le 1er décembre, à l'âge de 96 ans, a indiqué ce lundi la Fondation pour la mémoire de la Shoah sur son site internet.
Elle avait échappé à la rafle de Nancy en 1942 puis rejoint, avec son frère Jérôme, la Résistance, à Lyon, au sein de l'Union des Juifs pour la résistance et l'entraide. Deux ans plus tard, son frère et elle sont arrêtés par la milice, interrogés par Klaus Barbie, chef de la Gestapo à Lyon, et déportés vers le camp d'Auschwitz-Birkenau.
"Toujours combative malgré des conditions de survie inhumaines", Régine Skorka-Jacubert a ensuite été transférée dans un camp de travail en Tchécoslovaquie, précise la Fondation pour la mémoire de la Shoah. "À la Libération, elle ne pèse que 29 kg, mais parvient à rejoindre Nancy. Jérôme est là, mais 21 membres de leur famille ont été assassinés".
La ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a rendu hommage à une "infatigable militante de la transmission de la mémoire de la Shoah", qui a témoigné lors du procès de Klaus Barbie et raconté son histoire dans de nombreux collèges et lycées. Elle a aussi publié un livre Fringale de vie contre usine à mort, pour y livrer son témoignage.

Michel Polnareff


dimanche 4 décembre 2016

Rémy Pflimlin, un amoureux de la télévision et de la presse

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  • Il aimait d'une même passion la presse et la télévision. Rémy Pflimlin, qui fut président de France Télévisions de 2010 à 2015, est décédé samedi 3 décembre à l'âge de 62 ans. Sa grande stature et sa bonhomie faisait de cet alsacien, neveu du dernier président du conseil de la IV république Pierre Pflimlin, un homme unanimement apprécié. «Il était très chaleureux, extrêmement attentif aux êtres humains» se souvient Bruno Patino, qui l'a suivi pendant tout son mandat à la tête de France Télévisions. «En 2010, lors de sa nomination, il avait appelé à ses côtés Patrice Papet -un de ses proches- et Martin Ajdari. Ces deux anciens dirigeants de Radio France de la période Jean-Paul Cluzel, lui ont suggéré mon nom pour diriger le numérique de France Télévisions, puis l'ensemble des programmes. Il m'a reçu chez lui très longuement pour m'exposer sa vision de France Télévisions» ajoute Bruno Patino. Ensemble, il mettront France Télévisions à l'heure du numérique avec la création de Pluzz (le replay des programmes) et du site FranceTV Info.

    «Le pire job du Paysage audiovisuel français»

    Etre à la tête du «pire job du PAF» n'a jamais été une sinécure. Mais Rémy Pflimlin a toujours défendu avec enthousiasme son action et celles de ses troupes. Il a été le premier -et le seul- président de France Télévisions nommé directement par le Président de la République, Nicolas Sarkozy. Tout au long de son mandat, il devra en assumer les conséquences. A son arrivée en 2010, France Télévisions n'était une entreprise unique que sur le papier. Il existait une multitude de statuts sociaux différents, aucun bulletin de salaire n'était comparable, aucun système informatique n'était compatible et les caméras de reportage de France 2 étaient volontairement très différentes de celles de France 3.
    Alsacien, démocrate chrétien, Rémy Pflimlin était viscéralement un homme de consensus. Une qualité indéniable quand on doit mener des réformes en profondeur. Un défaut quand on est le patron du premier groupe audiovisuel public français et la cible de tout le PAF. «Dans un monde des médias égocentrique et cynique, il était discret, tempérant et déterminé», salue Thierry Thuillier, ex-directeur de l'information du groupe et directeur de France 2. «Il a mené le projet réputé totalement impossible de l'unification des rédactions de France 2 et France 3» ajoute celui chargé de mettre en oeuvre cette transformation. «Sa méthode du consensus a fait avancer le navire, là où la brutalité l'aurait bloqué» insiste Thierry Thuillier. «Surtout, malgré sa nomination par Nicolas Sarkozy, il a toujours défendu avec passion l'indépendance des rédactions et a encouragé la création d'émissions telles que Cash Investigation ajoute-t-il.

    La renaissance de la fiction française

    Avec Patrice Papet, Rémy Pflimlin a aussi réussi l'exploit -moins connu- d'imposer une convention collective unique pour les 10 000 salariés du paquebot France Télévisions. Mais ce qu'on retiendra de Rémy Pflimlin, c'est son gigantesque travail autour de la fiction française. Moribonde au début des années 2010, supplantée par la fiction américaine, la fiction française est devenue tendance, grâce à son travail de fond. Quand il est arrivé, 60 % de la fiction était composé de téléfilms unitaires, souvent en costume. Aujourd'hui, 60 % de la fiction française chez France Télévisions est composée de séries. Il a totalement refondu la mode de production, a modernisé les écritures et a mis en chantier des séries qui font actuellement le succès des chaînes publiques comme Cherif ou Dix pour cent. Cinq années de travail, pour un succès qui profite à sa successeur.
    Il avait fait de même lors de son premier passage à France Télévisions, en tant que patron de France 3. En 2003, c'est lui qui impose la création du feuilleton Plus belle la vie après avoir du subit la plus longue grève de l'histoire de France 3. Comme il a dû reculer sur la réforme des moyens de production régionaux de France 3, il a transformé cet échec en succès. Il confie la production de Plus Belle la vie aux équipes de production de France 3 Marseille et soutient cette série malgré des débuts catastrophiques. C'est, aujourd'hui encore, le pilier de l'audience de la chaîne. Toutefois, France 3 restera un caillou dans sa chaussure. De 2010 à 2015, il n'a pas su réformer la chaîne des régions. Cela lui sera reproché.

    Défendre son bilan

    Après 2012, Rémy Pflimlin, l'homme nommé par Sarkozy, est devenu l'homme à abattre. Critiqué de toute part, en froid avec Aurélie Filippetti, la nouvelle ministre de la Culture et de la communication, il a été totalement déstabilisé par la coupe financière imposée par le gouvernement qui a retiré 300 millions d'euros à son budget. En 2015, il a été candidat à sa succession, avec enthousiasme mais sans beaucoup d'espoir. «Pour défendre son bilan, ses troupes», explique Bruno Patino. Il sera qualifié pour le deuxième tour mais pas pour la phase finale. «Il y a une certaine forme d'injustice» avoue, dépité, Thierry Thuillier. Ce qui ne l'empêchera pas de jouer le jeu lors de la transition de trois mois mise en place avant l'entrée en fonction de Delphine Ernotte. Cette dernière salue ce grand homme de média, accessible est chaleureux et souligne la qualité du dialogue lors de la passation de pouvoir.
    A chaque fois que la pression était très forte, et elle le fut souvent, Rémy Pfimlin se ressourçait en marchant dans le désert avec sa femme et ses amis. Il goûtait aussi énormément au calme et à la beauté de la musique classique dont il était un grand amateur. «C'était un homme très fin, d'une très grande culture» souligne Marc Feuillée, directeur général du groupe Le Figaro. «Je l'ai connu quand il était patron de France 3 car nous organisions chaque année la finale du championnat d'orthographe avec Bernard Pivot» ajoute-t-il. Il en est resté une grande amitié et un rituel. «Nous déjeunions chaque année ensemble avec Rémy Pflimlin et Bernard Pivot. Ce fut le cas, le 11 septembre 2001. Et nous avons dû tous partir précipitamment». Un gage pour Rémy Pflimlin, connu pour son goût de la table. Une tradition héritée de ses longues années de patron de presse. Après HEC, Rémy Pflimlin a débuté à «Jours de France», le journal de Marcel Dassault. Puis il a dirigé les «Dernières Nouvelles d'Alsace». Patron de presse respecté, Rémy Pflimlin a du batailler ferme pour sauver les messageries de presse , les NMPP, alors en déroute. Il a engagé un très douloureux plan de restructuration et a orchestré la sortie du groupe Lagardère du capital pour laisser la place aux éditeurs de presse. «Rémy était un homme de marketing. C'est lui qui a changé le nom de NMPP en Presstalis», se souvient Marc Feuillée.

lundi 26 septembre 2016

Décès de Joseph Sitruk, charismatique leader du judaïsme français Par Agnès Leclair Publié le 25/09/2016 à 20:03

DISPARITION - L'ancien grand rabbin français est mort le 25 septembre à l'âge de 71 ans. Né à Tunis, ce partisan d'une laïcité «tolérante» s'est imposé en trois septennats comme un chef spirituel ultramédiatique.
Une grande voix du judaïsme français s'est éteinte. L'ancien grand rabbin Joseph Sitruk est mort le 25 septembre à l'âge de 71 ans. Sa rigueur tout en rondeur, sa séduction et son charisme mis au service de l'orthodoxie religieuse ont laissé une empreinte profonde sur la communauté juive de France qu'il a guidée pendant 21 ans, de 1987 à 2008.
Dimanche, François Hollande a salué la mémoire d'un «homme de dialogue, défenseur de la laïcité, (...) une figure marquante du judaïsme français». L'actuel grand rabbin de France, Haïm Korsia, qui fut son collaborateur, a exprimé sa «tristesse et douleur immense».
Barbe blanche fournie, kippa noire sur la tête, Joseph Sitruk, séfarade né à Tunis, s'est imposé en trois septennats comme un chef spirituel ultramédiatique. Partisan d'une laïcité «tolérante», il s'est notamment élevé contre la loi de 2003 sur le voile, interdisant les signes religieux ostentatoires à l'école. Deux ans plus tôt, en 2001, le «rav» avait plaidé auprès du premier ministre de l'époque, Lionel Jospin, pour éviter l'organisation d'examens scolaires les jours de fêtes juives. Il défendait également l'introduction de «l'instruction religieuse» au lycée. En 1994, «Jo» Sitruk avait aussi appelé les juifs pratiquants à ne pas participer au second tour des élections cantonales car elles coïncidaient avec le premier soir de Pessah, la pâque juive. Il a également marqué l'actualité, dans sa lutte contre l'antisémitisme ou comme grand témoin aux procès de Paul Touvier et de Maurice Papon.

«Survivant de la prière»

Homme de terrain, animé par la volonté de «judaïser les juifs», le grand rabbin Sitruk a œuvré pour la multiplication des écoles juives et des synagogues. Désireux de rassembler une communauté parfois divisée, notamment au sujet de la politique israélienne, il a créé les journées du judaïsme français «Yom Hatorah», réunissant plusieurs milliers de personnes au Bourget.
Quand il évoquait son parcours, ce père de neuf enfants, lui-même issu d'une famille non pratiquante, racontait avoir eu «le coup de foudre pour le judaïsme en pleine adolescence»et se disait «amoureux de sa foi comme on peut l'être d'une femme». Après un grave accident vasculaire cérébral en 2001, il s'est décrit en «survivant de la prière» dans son livre Rien ne vaut la vie.
Enfin, celui qui fut aussi grand rabbin de Marseille s'est illustré comme défenseur de la stricte observance de la loi juive, la «halakha» et par son conservatisme sur les sujets de la place des femmes dans la vie communautaire, des mariages mixtes ou des conversions ou encore du Pacs, en 1998. Des prises de positions controversées au sein de la communauté juive. Dernière en date, une chronique sur Radio J au sujet du défilé de la Gay Pride de Tel Aviv qu'il avait considérée comme une «tentative d'extermination morale du peuple d'Israël». Au-delà des controverses, reste l'image d'un homme passionné, entier.L'écrivain Edmonde Charles-Roux aurait dit à son sujet: «Pour lui, on ne peut pas être à moitié juif».

dimanche 19 juin 2016

Turquie: des islamistes attaquent des jeunes alors qu'ils écoutent Radiohead

 http://www.rtl.be/info/monde/international/turquie-des-islamistes-attaquent-des-jeunes-alors-qu-ils-ecoutent-radiohead-827969.aspx

 Un groupe d'islamistes a attaqué vendredi soir des mélomanes qui s'étaient réunis lors du ramadan chez un disquaire d'Istanbul autour d'un verre pour écouter le nouvel album du groupe de rock britannique Radiohead, ont rapporté les médias turcs. Au moins deux personnes ont été blessées, selon des témoins cités par l'agence de presse Dogan et la police a ouvert une enquête.

Une vingtaine de personnes en colère criant "Qu'est-ce que vous faites ici pendant le ramadan, sortez!" ont fait irruption au Velvet IndieGround situé dans le quartier branché de Tophane où des fans du groupe écoutaient le nouvel album, "A Moon Shaped Pool" ("Une piscine en forme de lune"). Les islamistes, qui dénonçaient la consommation d'alcool lors du mois de jeûne musulman, ont dégradé le matériel et poussé les gens à l'extérieur du magasin en les insultant et en les frappant, selon les images diffusés sur les réseaux sociaux. "Nous vous tuerons, espèces de bâtards", a lancé l'un des assaillants.

Rayka Simoni, qui se trouvait à l'extérieur du magasin de disques, a expliqué à l'agence Dogan avoir vu "des gens attaquer un groupe de fans qui écoutaient tranquillement de la musique en sirotant une bière""Vingt personnes ont commencé à lancer des bouteilles contre les gens et ils ont donné des coups de poing à mon ami qui leur a dit qu'il n'était pas correct de frapper les femmes", a-t-elle indiqué.
Ce disquaire appartient à un Sud-coréen installé à Istanbul et plusieurs de ses concitoyens se trouvaient sur les lieux lors de l'agression, selon l'édition internet du journal Hürriyet. Cette journée d'écoute du nouvel album a eu lieu dans plusieurs magasins de disques du monde.

Le groupe Radiohead a dénoncé l'attaque dans un communiqué sur l'internet. "Nos pensées vont à ceux qui ont été attaqués ce soir à Velvet IndieGround à Istanbul. Nous espérons qu'un jour, nous serons en mesure de mettre derrière nous ces actes d'intolérance violente. Pour l'instant, nous ne pouvons qu'offrir à nos fans à Istanbul notre amour et notre soutien".

Une manifestation de protestation était prévue samedi soir devant le magasin du disquaire attaqué. Dans le passé des galeries d'art de ce district européen de la première mégapole turque ont fait l'objet d'attaques similaires par des habitants du quartier, traduisant un choc des cultures en plein centre-ville entre laïcs et musulmans conservateurs. La Turquie est dirigée depuis 2002 par un régime islamo-conservateur décrié par ses détracteurs pour son conservatisme.

( http://www.rtl.be/info/monde/international/turquie-des-islamistes-attaquent-des-jeunes-alors-qu-ils-ecoutent-radiohead-827969.aspx )

 <iframe frameborder="0" width="600" height="338" src="http://www.rtl.be/videos/page/rtl-video-en-embed/640.aspx?VideoID=585969"></iframe><br/><a href="http://www.rtl.be/info/video/585969.aspx" target="_blank">Turquie: des islamistes attaquent des m&#233;lomanes lors d'une diffusion de Radiohead</a>

lundi 4 janvier 2016

Le gardien du temple

              Khaled Al-Anani est un féru de l’égyptologie. Il dirige le nouveau musée de la civilisation égyptienne dont l’ouverture est prévue en 2016 et le vieux Musée égyptien du Caire, situé place Tahrir. Guide touristique, académicien, puis gestionnaire archéologique, son parcours est des plus intéressants.
« J’étais jaloux de voir les gens venir du monde entier afin de mieux connaître l’histoire de l’Egypte, que je connaissais très peu moi-même. Du coup, j’ai eu envie d’approfondir mes connaissances en la matière », lance Khaled Al-Anani, pour expliquer pourquoi il a décidé de se convertir en guide touristique, spécialiste de l’égyptologie. Avant, il n’avait aucune passion, ni intérêt pour les antiquités, ni pour les monuments historiques. Enfant, il avait juste visité le Musée égyptien du Caire, deux ou trois fois, avec son père, comme pas mal d’Egyptiens. « J’avais des voisins qui travaillaient comme guides touristiques, ils me racontaient ce qu’ils faisaient durant leurs voyages et comment ils rencontraient des gens de nationalités diverses. Cela a suscité mon admiration. Après le baccalauréat, j’ai décidé de m’inscrire à la faculté de tourisme et d’hôtellerie, à l’Université de Hélouan, afin de devenir guide touristique ». Et de poursuivre : « Le premier temple que j’ai visité a été celui de Karnak à Louqsor. J’étais impressionné par la grandeur des chefs-d’oeuvre pharaoniques. Devant ces colosses, j’ai réalisé à quel point nous sommes petits par rapport à la grandeur et à la perfection de leur travail ».
Ses parents et amis le prenaient pour un fou, pour avoir refusé de faire polytechnique, ayant obtenu un très bon pourcentage de notes au baccalauréat. Mais une fois diplômé en tourisme et hôtellerie, ils ont changé d’avis, en remarquant l’enthousiasme avec lequel il pratiquait sa profession de guide, tout en enseignant à l’université. « Sur le terrain, ma passion pour l’archéologie a pris toute une autre dimension. J’ai attrapé le virus de l’égyptomanie à la française, car j’accompagnais souvent des groupes français. De quoi m’avoir poussé à en connaître davantage, en faisant des études encore plus approfondies », raconte Khaled Al-Anani, qui a décidé d’arrêter son travail de guide pendant les années 1990, au lendemain des attentats terroristes contre les sites touristiques à l’époque. Il se consacre alors au travail académique. Ensuite, il décroche une bourse d’études de 4 ans en France, pour obtenir un master sur les temples nubiens, suivi d’un doctorat en égyptologie à l’Université de Montpellier III, en 2001. « J’ai soutenu ma thèse à la fête de Sainte Mariette, le 6 juillet. C’est mon directeur de thèse qui a choisi cette date ».
De retour en Egypte, Al-Anani travaille comme maître de conférences, formant ainsi d’autres guides touristiques francophones. Il a été également nommé comme chercheur associé à l’IFAO, de quoi lui avoir donné accès à la bibliothèque bien garnie de cet édifice archéologique de grande importance. Passionné de recherches archéologiques et aimant le travail de terrain, Khaled Al-Anani collabore petit à petit avec le ministère des Antiquités et avec le CDEA (Centre des études et de Documentation de l’Egypte Ancienne) à travers plusieurs projets. Il acquiert une belle renommée en France où il enseigne régulièrement à l’Université Paul Valérie de Montpellier. Il est même nommé membre du Conseil administratif et scientifique à l’IFAO de Paris.
De plus en plus, c’est l’amour de l’égyptologie qui façonne sa vie, alors que rien ne laissait présager ce sort très lié à l’histoire de ses ancêtres dont il a signé plus de 20 ouvrages en français. « J’ai commencé par un livre portant sur la paléographie hiéroglyphique du petit temple d’Abou-Simbel. J’ai répertorié les différents signes hiéroglyphes gravés à l’intérieur du temple, afin d’étudier leur forme et leur usage linguistique. J’ai mis quatre ans pour achever cet ouvrage publié en 2007 ». Et d’ajouter : « A ma première visite au grand temple d’Abou-Simbel, j’étais fasciné par le rayonnement des statues du sanctuaire, par la précision de l’opération de sauvetage et par l’originalité des couleurs et des reliefs. Le fait que le temple soit gravé en pleine montagne lui attribue un charme particulier. Et ce, sans oublier les scènes militaires de la grande salle ».
Son livre sur Abou-Simbel, comme ses autres publications et articles, s’adressent notamment aux spécialistes. Il y aborde des sujets très pointus, parfois inédits, mais parfois aussi il se livre à un travail de vulgarisation, s’efforçant de simplifier les choses. Le pamphlet éducatif, en arabe et en français, sur le temple d’Abou-Simbel, illustrations à l’appui, en est un exemple. L’égyptologue, qui a été chef de section et vice-doyen de la faculté de tourisme et d’hôtellerie, fait découvrir aux écoliers leur histoire de manière attrayante. « J’aurais bien aimé passer le reste de ma vie dans les bibliothèques, à élaborer des recherches et à dévoiler les secrets inédits des pharaons, mais les conditions politiques et économiques de l’Egypte m’ont obligé à changer de direction ». En fait, l’académicien chevronné s’est trouvé contraint d’accepter le poste de directeur du nouveau Musée national de la civilisation égyptienne, à Fostat, une fois nommé à ce poste par le ministre des Antiquités, Mamdouh Al-Damati, en août 2014. Il s’agit d’un projet énorme dont l’ouverture partielle est prévue durant le printemps 2016, avec une partie seulement de la collection, ramenée de l’ancien musée à la place Tahrir et des dépôts. « Il fallait tenir un rôle différent, oeuvrant toujours à la sauvegarde du patrimoine », commente Al-Anani qui vient d’être nommé, il y a quelques semaines, en tant que responsable du fameux Musée du Caire, à la place Tahrir. Un vrai défi pour un chercheur de diriger deux musées de cette ampleur ! « Le problème du vieux musée réside en l’entassement des pièces exposées, alors que pour le nouveau Musée de Foustat, nous avons surtout un problème d’ordre financier. Il nous faut quelque 500 millions de livres égyptiennes pour pouvoir en achever la construction et la mise en place », précise-t-il. L’égyptologue fait de son mieux afin de mettre ses compétences et ses contacts au profit de ces deux musées. Il fait appel à la coopération internationale, s’adresse aux directions d’autres musées et universités de par le monde, demandant leur aide quant à la formation de nouveaux cadres archéologiques : des restaurateurs, des conservateurs et un personnel administratif. Il a des plans ambitieux visant à réhabiliter le vieux Musée du Caire et à développer le nouveau. « Une fois nommé à la tête de l’ancien musée, j’étais à la fois choqué et impressionné. J’étais choqué par le manque de propreté et émerveillé par la quantité d’objets exposés », lance Al-Anani, faisant ensuite part de ses priorités. « Nous devons garder seulement quelques chefs-d’oeuvre tout en conservant la beauté vétuste des lieux. Il faut aussi exposer en vitrine des pièces, jusqu’ici entassées dans les dépôts, ajouter des étiquettes descriptives, améliorer l’éclairage ».
En effet, l’actuel Musée égyptien du Caire, dont l’histoire remonte à l’année 1902, compte 160 000 pièces antiques, dont 50 000 sont exposées, le reste gît dans les dépôts. « A mes yeux, le masque de Toutankhamon reste la pièce phare du Musée du Caire. Lorsque ce masque était transporté au laboratoire pour être restauré, j’avais l’impression que l’un de mes enfants est malade ou porté disparu. Il fallait donc le soigner pour qu’il retourne en bon état. Je suis fier de l’équipe égypto-allemande qui a fait un excellent travail en 68 jours », affirme Al-Anani. En expert, il diagnostique les maux du secteur archéologique en Egypte. Selon lui, le vrai problème réside en la carence des cadres bien formés. « Nous disposons de professeurs et d’académiciens très compétents, mais les cursus universitaires sont à revoir, notamment en ce qui concerne trois disciplines de base : l’archéologie de terrain ou les fouilles, la gestion des sites et les études muséologiques ». Ces trois disciplines sont très peu enseignées ou quasiment absentes dans les universités égyptiennes. « Pourtant, on a des milliers de sites historiques, une vingtaine de musées et des dizaines de missions archéologiques étrangères. On peut imposer à chacune de ces missions sur place d’initier un certain nombre de jeunes archéologues égyptiens », propose-t-il. D’autre part, Al-Anani essaye de fournir des bourses d’études à l’étranger, afin de former de nouveaux spécialistes et leur apprendre la méthodologie de la recherche à l’occidentale. « J’essaye de transmettre ma passion aux jeunes chercheurs », affirme-t-il, en insistant sur le manque de ressources financières du ministère dont les revenus dépendent des tickets d’entrée sur les sites historiques. Donc, avec la chute actuelle du nombre de touristes, le ministère connaît de vraies carences budgétaires. « Trouver l’argent nécessaire pour la restauration d’un temple, l’aménagement d’un site archéologique ou la rénovation d’un musée est presque un miracle », assure Al-Anani, qui ne manque pas de souligner que le patrimoine est pour l’Etat une poule aux oeufs d’or. Al-Anani partage sa passion avec sa femme et son fils de dix ans. « Ma femme travaille dans le champ publicitaire, mais elle était guide touristique, à l’origine, l’une de mes étudiantes », plaisante-t-il.
Son hobby ? Collectionner les vieux timbres et les anciennes pièces de monnaie. « Je possède une belle collection, avec des timbres et des pièces, de partout dans le monde. Mais j’ai de moins en moins de temps ». Du temps évidemment, il lui en faut pour diriger deux musées énormes et continuer à nous révéler les secrets des pharaons. Récemment décoré Chevalier des lettres et des arts par la France, Al-Anani juge que ses efforts sont bien loués, ici comme ailleurs. « J’ai de tout temps cherché à jeter des ponts entre les deux cultures, ayant un pied dans chaque culture. Et ce, par le biais de ma spécialisation et ma passion qui est l’égyptologie », conclut-il.



(Sources : http://hebdo.ahram.org.eg/News/14708.aspx)