Tout en étant obligé de s’inscrire dans la lignée des comtes
d’Ormesson, il s’était fait son propre nom, en forme de sourire, qui
reflétait bien son caractère facétieux : Jean d’O. Plus il vieillissait,
plus Jean d’Ormesson – qui est mort dans la nuit du 4 au 5 décembre à
l’âge de 92 ans – était charmant et charmeur, avec son œil si bleu et
son air à jamais espiègle. Il pensait avec raison que la gaieté est une
politesse et voulait mériter un qualificatif presque perdu, « dans un
siècle où règne le ressentiment » : délicieux.
Délicieux, il
l’était. Bon écrivain, aussi. Mais, admirateur des grands auteurs, il se
montrait sans illusion sur son œuvre – sans doute en attendant un
démenti. Il a poussé ce jeu sur la littérature jusqu’à écrire un roman
intitulé Presque rien sur presque tout (Gallimard, 1996). Lorsqu’on lui
demandait si ce « presque rien sur presque tout » n’était pas l’inverse
de ce que doit être la littérature, « presque tout sur presque rien »,
il partait d’un grand rire, en laissant au lecteur le soin de conclure.
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