Première femme anthropologue au Collège de
France, Françoise Héritier a mis le corps humain au cœur de sa
discipline, afin d’éclairer, notamment, la domination masculine.
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Née en 1933, historienne et géographe de formation,
l’Auvergnate s’initie à 20 ans à l’anthropologie sociale auprès de
Claude Lévi-Strauss, en assistant à un séminaire de l’Ecole pratique des
hautes études sur la parenté, à Fidji.
En 1980, elle est nommée directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, et l’année suivante, elle publie l’un de ses premiers livres, L’Exercice de la parenté (Gallimard). En 1982, elle est élue professeur au Collège de France.
C’est en Afrique que Françoise Héritier posa les fondements de sa propre
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Les fondements de sa propre anthropologie
En 1957, elle part en mission en Afrique. En Haute-Volta, elle commence une série d’enquêtes qui la conduiront à travailler, dans les années qui suivent, auprès des populations Mossi, des Bobo, des Dogons et des Samo.En 1980, elle est nommée directrice d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, et l’année suivante, elle publie l’un de ses premiers livres, L’Exercice de la parenté (Gallimard). En 1982, elle est élue professeur au Collège de France.
C’est en Afrique que Françoise Héritier posa les fondements de sa propre
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anthropologie : tout en poursuivant fidèlement le travail de Claude Lévi-Strauss sur les systèmes de parenté, elle n’en vient pas moins à déplacer
progressivement la clef explicative des faits humains (mariage ou
inceste) du symbolique vers le biologique, le physiologique, bref vers
le corps.
Dès lors, là où le maître cherchait l’origine des grandes oppositions binaires (inférieur/supérieur, cru/cuit, terre/ciel…) dans l’organisation universelle de l’esprit humain, l’élève a exploré le substrat anatomique qui sous-tend toute notre façon de lire le réel et d’organiser le monde.
Partout et à chaque époque, dit-elle, fut affirmée la suprématie du masculin, et il faut admettre que l’origine de la domination masculine se perd dans « la nuit des temps ». Voilà pourquoi il est si difficile de lutter contre les inégalités sexuelles, puisque les lumières elles-mêmes n’y changent rien.
Il y a là un exemple de ce que Françoise Héritier appelle des « invariants », ces
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Dès lors, là où le maître cherchait l’origine des grandes oppositions binaires (inférieur/supérieur, cru/cuit, terre/ciel…) dans l’organisation universelle de l’esprit humain, l’élève a exploré le substrat anatomique qui sous-tend toute notre façon de lire le réel et d’organiser le monde.
« Elucider l’ordre caché des choses »
Parmi ces grandes logiques de représentation, l’articulation masculin/féminin représente la plus fondamentale, et ici se trouve la principale trouvaille de Françoise héritier, qui a fait de la « valence différentielle des sexes » un second universel culturel, après la prohibition de l’inceste repérée par Lévi-Strauss.Partout et à chaque époque, dit-elle, fut affirmée la suprématie du masculin, et il faut admettre que l’origine de la domination masculine se perd dans « la nuit des temps ». Voilà pourquoi il est si difficile de lutter contre les inégalités sexuelles, puisque les lumières elles-mêmes n’y changent rien.
Il y a là un exemple de ce que Françoise Héritier appelle des « invariants », ces
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cadres de pensée aux allures d’évidences obligées, qui nous agissent sans que nous en ayons conscience. Mettre au jour ces invariants, « élucider l’ordre caché des choses », telle était pour elle la tâche de l’anthropologie.
Cela repéré, la maîtrise de la fécondité devient un formidable outil de libération, et sur ce point Françoise Héritier a sensiblement évolué, au fil du temps, démontrant à ses détracteurs que sa démarche n’avait rien d’un formalisme froid : elle qui avait conclu son Masculin/Féminin (Odile Jacob, 1996) sur un constat désabusé : « Je doute qu’on arrive jamais à une égalité idyllique » avait fini par admettre que la réappropriation de leur corps avait constitué pour les femmes « une révolution essentielle ».
Ainsi, ceux qui confondent l’anthropologie de Françoise Héritier avec le rejet de l’histoire en sont pour leurs frais. Paradoxalement, ce sont souvent les mêmes qui
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« Le privilège exorbitant d’enfanter »
Mais qui dit invariant ne dit pas immuable : traquant les fondements de la domination masculine, Françoise Héritier a montré que « le privilège exorbitant d’enfanter » a constitué, dès l’origine, le cœur de l’aliénation féminine, les mâles ayant dû engager une véritable épreuve de force pour s’en assurer le contrôle.Cela repéré, la maîtrise de la fécondité devient un formidable outil de libération, et sur ce point Françoise Héritier a sensiblement évolué, au fil du temps, démontrant à ses détracteurs que sa démarche n’avait rien d’un formalisme froid : elle qui avait conclu son Masculin/Féminin (Odile Jacob, 1996) sur un constat désabusé : « Je doute qu’on arrive jamais à une égalité idyllique » avait fini par admettre que la réappropriation de leur corps avait constitué pour les femmes « une révolution essentielle ».
Ainsi, ceux qui confondent l’anthropologie de Françoise Héritier avec le rejet de l’histoire en sont pour leurs frais. Paradoxalement, ce sont souvent les mêmes qui
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lui reprochaient ses interventions dans l’espace public, du soutien aux sans-papiers au combat pour la parité.
« L’anthropologue dans la cité », tel est d’ailleurs le titre que Françoise héritier avait choisi de donner à l’un de ses séminaires du Collège. Ce faisant, elle tirait les leçons des années passées à la présidence du Conseil national du sida (CNS, 1989-1994), où elle lutta contre l’ostracisme qui frappe les séropositifs dans les prisons et obtint le rattachement de la médecine pénitentiaire au ministère de la santé.
Nourrie de ses terrains africains, Françoise Héritier a donc bâti une pensée anthropologique qui fait de la sexuation la base de nos catégories mentales, ce qu’elle nommait « le butoir ultime de la pensée ». Donnant enfin du corps aux concepts, elle a aussi exhorté les ethnologues à poser systématiquement la
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« L’anthropologue dans la cité », tel est d’ailleurs le titre que Françoise héritier avait choisi de donner à l’un de ses séminaires du Collège. Ce faisant, elle tirait les leçons des années passées à la présidence du Conseil national du sida (CNS, 1989-1994), où elle lutta contre l’ostracisme qui frappe les séropositifs dans les prisons et obtint le rattachement de la médecine pénitentiaire au ministère de la santé.
Nourrie de ses terrains africains
Face au VIH et à ses vecteurs de contamination, elle mobilisa les résultats de ses travaux sur l’anthropologie des substances, la mécanique des humeurs et des fluides vitaux, sang et lait, bien sûr, mais aussi sueur, salive et sperme, toutes ces « liqueurs qui sourdent des corps » et dont la circulation tient une place fondamentale dans la « définition proprement biologique de l’identité humaine ».Nourrie de ses terrains africains, Françoise Héritier a donc bâti une pensée anthropologique qui fait de la sexuation la base de nos catégories mentales, ce qu’elle nommait « le butoir ultime de la pensée ». Donnant enfin du corps aux concepts, elle a aussi exhorté les ethnologues à poser systématiquement la
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question désormais incontournable de l’identité sexuelle de leurs informateurs (trices) : « Quand on parle de règles d’échange, par exemple, il faut savoir si l’énonciateur est un homme ou une femme. Ça change tout ! »
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