André Honnorat (1868-1950), à qui l’on doit la première expérimentation de l’heure d’été en France il y a plus d’un siècle.
C’est une drôle de bataille parlementaire qui se déroule en cette fin
du mois de mars 1916. Pendant que les poilus succombent dans les tranchées de Verdun,
les députés, eux, jouent à la guerre du temps dans les travées de
l’hémicycle. Pourquoi une telle agitation en ces temps d’union sacrée ?
Un député de 47 ans, André Honnorat, a déclenché les hostilités en
proposant d’écourter la nuit pour allonger le jour. L’élu
radical-socialiste a bien pris soin d’expliquer l’objectif de sa
proposition de loi : en décalant l’heure légale, le pays bénéficiera
d’un surcroît de lumière du jour - « non artificielle » - et engloutira
donc moins de gaz, de charbon et de pétrole. En ces temps où prime
l’effort de guerre, voilà un bon moyen d’y contribuer utilement en
dégageant de substantielles économies d’énergie.
dimanche 25 mars 2018
samedi 24 mars 2018
Arnaud Beltrame
Le ministre de l'Intérieur avait salué vendredi "l'acte héroïque" du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame. Le gendarme, qui s'était proposé comme otage auprès du djihadiste auteur des attaques dans l'Aude, est mort des suites de ses blessures, a annoncé samedi le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.
Arnaud Beltrame, qui se trouvait sur zone, fut l'un des
premiers gendarmes à s'être rendu sur les lieux de la prise d'otage. Au
moment où il entre dans le supermarché, le terroriste retenait une
femme. Le gendarme propose alors d'échanger, de se constituer otage.
C'est son téléphone qui sert ensuite à établir le contact avec les
forces de l'ordre. Après quelques temps de négociations qui ne donnent
rien, trois coups de feu retentissent alors et indiquent que le
terroriste s'en est pris au lieutenant-colonel. L'assaillant est abattu
par le GIGN. L'officier, lui, grièvement blessé sur le coup, est évacué
vers l'hôpital. Il est décédé dans la nuit. Un ancien de la garde républicaine. Fait
chevalier de la Légion d'Honneur en mai 2012, Arnaud Beltrame a
toujours fait figure de gendarme modèle. Cet homme marié sans enfant, né
dans l'Essonne, est notamment passé par la garde républicaine, où il
était chargé du protocole d'accueil des chefs de l'État et du palais de
l'Élysée. Puis avait été nommé chef d'escadron à Avranches. "Homme de
terrain au grand cœur", "grand relationnel" d'après la presse des
différentes régions où il est passé, il avait ensuite fait un pas de
côté au ministère de l'Écologie, avant de rejoindre récemment, donc, ce
groupement de l'Aude. Fait prémonitoire, en décembre 2017, il avait
participé à un exercice simulant une tuerie de masse dans un supermarché
de la région, selon le quotidien régional La Dépêche du Midi. 

mercredi 21 mars 2018
Gard : le sans abri, protecteur de chats, est mort
aniel Braun, sans abri, faisait la manche depuis quarante ans pour survivre et nourrir les chats errants.
Daniel Braun est décédé le 4 mars dernier. Qui de Pont à Bagnols ne l'a
pas croisé sur son vélo, un trajet qu'il faisait quotidiennement, par
tous les temps ? Lui qui, pour survivre et pour nourrir les chats
errants, faisait la manche tous les jours.
Cette dernière lui apportait couvertures, nourriture et faisait stériliser les chats qu'il recueillait, là où il vivait depuis plusieurs années, à Lamotte, dans les anciens locaux de GVTP. "Il était costaud, faut voir dans quoi il vivait.., sans fenêtre ni chauffage", témoigne Reine.
"Faut voir dans quoi il vivait..."
Une Spiripontaine qui habite maintenant Issirac tient à lui rendre hommage. "Il a été inhumé mercredi 8 mars au cimetière de Lamotte-du-Rhône. Arrivé à Pont-Saint-Esprit il y a quarante ans, il était connu dans toute la région. Par cet hommage que nous lui rendons, et en sa mémoire, nous tenons à dire également (ce qu'il aurait voulu), que les citoyens mal attentionnés cessent d'aller 'jeter' des chatons et chats adultes là où se trouvait Daniel Braun, cette brave personne n'est plus là pour s'en charger", écrit Reine Pouchol."Faut voir dans quoi il vivait..."
Une Spiripontaine qui habite maintenant Issirac tient à lui rendre hommage. "Il a été inhumé mercredi 8 mars au cimetière de Lamotte-du-Rhône. Arrivé à Pont-Saint-Esprit il y a quarante ans, il était connu dans toute la région. Par cet hommage que nous lui rendons, et en sa mémoire, nous tenons à dire également (ce qu'il aurait voulu), que les citoyens mal attentionnés cessent d'aller 'jeter' des chatons et chats adultes là où se trouvait Daniel Braun, cette brave personne n'est plus là pour s'en charger", écrit Reine Pouchol.Cette dernière lui apportait couvertures, nourriture et faisait stériliser les chats qu'il recueillait, là où il vivait depuis plusieurs années, à Lamotte, dans les anciens locaux de GVTP. "Il était costaud, faut voir dans quoi il vivait.., sans fenêtre ni chauffage", témoigne Reine.
Inconditionnel amour pour les chats
Il avait témoigné dans ces mêmes colonnes fin 2013, à la rubrique "Question du jour" qui interrogeait sur la pauvreté, il avait répondu : "J'y suis en plein dedans, dans la pauvreté. Depuis 77 mois, je n'ai pas touché un centime de ma retraite. Ce n'est pas faute de l'avoir réclamée. Mais il me manque des papiers. J'ai tout perdu, je suis ruiné. Pour survivre, je fais la manche. De plus, j'ai même perdu ma carte d'identité." L'amour qu'il vouait aux chats était inconditionnel. Souhaitons-lui d'avoir été accueilli au paradis des félins, parmi les étoiles.samedi 17 mars 2018
2018-2024: et Poutine IV?
Le retour en une décennie de Moscou sur la scène diplomatique s'est accompagné d'une
dégradation de la situation économique, avec deux années de récession
en 2015 et en 2016 et des promesses de croissance modestes. Une situation paradoxale qui pourrait illustrer le concept de «puissance pauvre» forgé par l'historien Georges Sokoloff pour qualifier l'histoire millénaire de la Russie.
À quoi pourrait ressembler le nouveau mandat de Vladimir Poutine? «Personne ne sait ce qu'il en sera, même si ce qui se passe entre Moscou, Londres et Washington laisse présager d'une relation toujours difficile avec l'Occident», explique prudemment Jean de Gliniasty. «On sent dans le fond de l'air ambiant que le serrage de vis général a libéré des forces conservatrices», poursuit Igor Delanoë. En revanche, le spécialiste des questions de défense ne croit pas à une «course aux armements» avec les États-Unis. «Il connaît trop bien l'histoire de son pays, pour savoir jusqu'où elle peut conduire», estime-t-il en écho à la chute de l'URSS et en rappelant que les armées doivent aujourd'hui se serrer la ceinture, malgré les récentes annonces tonitruantes du Kremlin.
Tout au long de ses deux décennies au pouvoir, «Vladimir Poutine a reflété l'évolution de la société et de l'opinion publique russes», expliquait l'écrivain Vladimir Fédorovski dans un entretien au Figaro . Au fond, les différents visages du poutinisme sont comme une variation autour de cette phrase énigmatique du président russe: «Celui qui ne regrette pas l'URSS n'a pas de cœur ; celui qui souhaite sa restauration n'a pas de tête».
À quoi pourrait ressembler le nouveau mandat de Vladimir Poutine? «Personne ne sait ce qu'il en sera, même si ce qui se passe entre Moscou, Londres et Washington laisse présager d'une relation toujours difficile avec l'Occident», explique prudemment Jean de Gliniasty. «On sent dans le fond de l'air ambiant que le serrage de vis général a libéré des forces conservatrices», poursuit Igor Delanoë. En revanche, le spécialiste des questions de défense ne croit pas à une «course aux armements» avec les États-Unis. «Il connaît trop bien l'histoire de son pays, pour savoir jusqu'où elle peut conduire», estime-t-il en écho à la chute de l'URSS et en rappelant que les armées doivent aujourd'hui se serrer la ceinture, malgré les récentes annonces tonitruantes du Kremlin.
Tout au long de ses deux décennies au pouvoir, «Vladimir Poutine a reflété l'évolution de la société et de l'opinion publique russes», expliquait l'écrivain Vladimir Fédorovski dans un entretien au Figaro . Au fond, les différents visages du poutinisme sont comme une variation autour de cette phrase énigmatique du président russe: «Celui qui ne regrette pas l'URSS n'a pas de cœur ; celui qui souhaite sa restauration n'a pas de tête».
Fête de la Saint-Patrick
Elle est devenue par la suite la fête nationale de l'Irlande.
Saint Patrick est le saint patron de l'Irlande.
La fête de la Saint-Patrick est une fête chrétienne qui célèbre, le 17 mars, saint Patrick, le saint patron de l’Irlande. Wikipédia
Date : 17 mars
Nom officiel : Saint Patrick's day / Lá fhéile Pádraig
Autre(s) nom(s) : St Paddy’s Day / Lá Phádraig
Observé par : les catholiques; Irlande; Irlande du Nord; Terre-Neuve-et-Labrador
Patrick d'Irlande, saint Patrice en français ou saint Patrick en anglais (latin : Patricius ; irlandais : Pádraig ˈpˠaːd̪ˠɾˠəɟ), est un saint semi-légendaire qui a été le sujet d'une grande production hagiographique interrogée par la critique moderne qui cherche à établir le degré d'historicité de ce personnage.
Ce missionnaire fut en effet le fondateur du christianisme dans ce pays, au Ve siècle.
Cette fête chrétienne est célébrée le 17 mars. La légende veut que saint Patrick ait utilisé le trèfle pour expliquer la Sainte-Trinité.
lundi 12 mars 2018
Le célèbre couturier Hubert de Givenchy
Il avait habillé
Jackie Kennedy, Grace Kelly, Brigitte Bardot ou encore Audrey Hepburn,
sa muse, qui plus que toute autre, a incarné, à l'écran comme à la
ville, son style, élégant et discrètement fantaisiste. Samedi, le
couturier Hubert de Givenchy s'est éteint dans son sommeil. Il avait 91
ans.
Né à Beauvais, en février 1927, Hubert
James Taffin de Givenchy, fils de marquis, fut orphelin de père dès
l'âge de deux ans. L'enfant a grandi auprès de sa famille maternelle
dans le Beauvaisis, une terre à laquelle il est resté très attaché, et
qui abrite toujours l'usine de parfums qu'il avait bâtie en 1957.
Ce
« géant » en blouse de lin blanc, disait tenir le goût des tissus de
son grand-père maternel, administrateur des manufactures de tapisseries
des Gobelins et de Beauvais. « Le placard était rempli de balluchons
d'échantillons de tissus, de broderies... Si je travaillais bien à
l'école, on me laissait toucher les étoffes », avait confié le couturier, l'an dernier, à « Paris-Match ».
Couturier à 17 ans
Le
jeune Hubert dessine très tôt des silhouettes de mode, suit des cours
aux Beaux-Arts, et à 17 ans, en 1945, fait ses premiers pas de
couturier, chez Jacques Fath. Puis, il entre chez Elsa Schiaparelli, l'autre grande dame de la couture avec Coco Chanel. Et en 1952, il fonde sa maison de couture. Son rêve. Avant même d'avoir 25 ans.
En rupture avec les tenues corsetées de
l'époque, sa première collection, baptisée les « Séparables » et
constituée de pièces distinctes susceptibles d'être combinées de
diverses manières, remporte un vif succès. Deux ans plus tard, Hubert de
Givenchy sera le premier créateur à lancer une ligne de prêt-à-porter
de luxe. Une robe doit « embellir la femme qui la porte et non la déguiser »,
soulignait cet homme d'une extrême courtoisie, mais affranchi, et
audacieux, au point, par exemple de dénoncer le racisme dans la
mode. Dernièrement, il avait confié à la presse avoir « à coeur le problème des migrants ». Or, disait-il, « il ne peut y avoir de bonheur sans humanité ».
Balenciaga, l'architecte
En
1953, sa rencontre avec l'espagnol Cristóbal Balenciaga, qu'il admire
depuis l'enfance et avec qui il noue des liens d'amitié, est cruciale : « Balenciaga, c'était l'architecture, le génie, la beauté à l'état pur. Il m'a tout appris », déclarait Hubert de Givenchy, qui partageait avec son « maître » le goût de la rigueur et de l'épure.
Mais
l'année 1953 marque aussi le début de 40 ans de complicité avec
l'actrice Audrey Hepburn. La star hollywoodienne lui a procuré une
clientèle Outre-Atlantique. « Je suis attachée à Givenchy comme les Américaines à leur psychiatre », plaisantait-elle. Avec cet « ange aux yeux de biche, le travail devenait un acte de joie, estimait, de son côté, le couturier. Elle apportait aux vêtements la grâce qu'elle avait en elle ».
En 2006, la célèbre robe noire que portait l'actrice dans « Breakfast
at Tiffany's » s'est vendue chez Christie's à Londres pour
467.200 livres.
Rigueur et travail
Hubert de Givenchy, par ailleurs passionné de décoration et grand collectionneur d'art , se laissait inspirer par Miró, de Staël, Delaunay ou Rothko comme par les fastes du XVIIIe siècle, et résumait sa ligne de conduite à « de la rigueur, pas de choses inutiles et beaucoup de travail ».
En 1988, il vend sa maison de couture à
LVMH, (propriétaire des « Echos »), mais en reste le directeur
artistique jusqu'en 1995. Cet été-là, il présente sa dernière collection
de haute couture, dédiée à son personnel, en présence de grands noms de
la mode : Yves Saint Laurent, Christian Lacroix, Jean-Louis Scherrer,
Kenzo, Paco Rabanne, Valentino... Quelques mois plus tard, son ultime
collection de prêt-à-porter, accueillie par une ovation, met un point
final à sa carrière de couturier.
Un don à l'Unicef
Lundi, la maison Givenchy a salué une « personnalité
incontournable du monde de la haute couture française, symbole de
l'élégance parisienne pendant plus d'un demi-siècle. Aujourd'hui encore,
son approche de la mode et son influence perdurent ». De son côté, Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH, a déclaré : « Tant
dans les robes longues de prestige que dans les tenues de jour, Hubert
de Givenchy a su réunir deux qualités rares : être novateur et
intemporel ».
Hubert de Givenchy était aussi un homme généreux. « En lieu de fleurs et couronnes, Monsieur de Givenchy aurait préféré un don à l'Unicef », a écrit son compagnon Philippe Venet, lui aussi, couturier, dans le communiqué annonçant son décès.
Laurance N'Kaoua
En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/industrie-services/mode-luxe/0301427561815-hubert-de-givenchy-est-mort-2160446.php#OFPcy1CDjWRLY5KP.99
It is with sadness Comedian and entertainer Sir Ken Dodd has passed away at the age of 90.
Jackie Heaney Aww I use yo love him aww I use to live ken Dodd and the Diddy men from Knotty Ash I thought they was real when I was a child bless him he was a lovely man RIP you will be sadly missed
dimanche 11 mars 2018
Quand Tariq Ramadan
propose comme sujet de doctorat une thèse sur Hassan al-Banna,
fondateur des Frères musulmans égyptiens, Charles Genequand, son
directeur de thèse, se doute que son élève risque de donner une vision
plutôt favorable de son grand-père. Mais prenant connaissance d'une
première version de son travail, il s'étrangle. Le prédicateur loue la
profonde spiritualité et l'immense humanité d'Hassan al-Banna, ignorant
totalement les violentes campagnes antisémites menées par la Confrérie.
Il ne cite même pas les « 50 demandes du programme des Frères
musulmans de 1936 », toujours d'actualité. Parmi elles, « contrôler le
comportement personnel des fonctionnaires », « considérer la fornication
comme étant un crime grave qui nécessite une sanction légale », ou
encore « confisquer les romans d'excitation ainsi que les livres qui
sèment le doute sur la foi ».
Spécialiste de la philosophie arabe médiévale (il a fait sa thèse sur Averroès), Charles Genequand demande en 1994 à Tariq Ramadan d'apporter de multiples corrections à son mémoire de pré-doctorat. Mais ce dernier refuse. Mieux, « il harcèle les membres du jury pour obtenir [sa thèse] au plus vite » (1). L'étudiant va même jusqu'à menacer un autre membre du jury, Ali Merad, professeur émérite à l'université de la Sorbonne Nouvelle Paris-III. Résultat, trois membres du jury démissionnent. Que fait Tariq Ramadan ? Il se lance dans la théorie du complot : c'est parce qu'il est arabe que l'université lui refuserait sa thèse !
Actif dans les campagnes électorales
Il reçoit le soutien du sociologue Jean Ziegler. Internationalement connu depuis la publication de La Suisse lave plus blanc, qui met en cause le blanchiment d'argent, Jean Ziegler est député socialiste au niveau fédéral. Sa compagne, Erica Deuber-Ziegler, est députée communiste au Grand Conseil (le parlement genevois). Ils mobilisent aussitôt leurs amis, politiques, intellectuels, universitaires. Il faut savoir que, lors des campagnes électorales, Tariq Ramadan et l'un de ses frères n'ont pas ménagé leur peine pour faire élire Jean Ziegler, maniant la colle et distribuant des tracts.
Face à une mobilisation de la gauche (elle est minoritaire dans le canton, mais majoritaire en ville de Genève), l'université prend peur, elle craint le scandale. La Cité de Calvin n'aime pas les polémiques autour de l'islam, d'autant qu'elle accueille beaucoup de riches Saoudiens, Koweïtiens et Émiratis. En catimini, la faculté décide de constituer un second jury afin de donner « une nouvelle chance » à Tariq Ramadan. Tâche particulièrement complexe, les candidats ne se bousculent pas en Suisse francophone. C'est finalement un Allemand, Reinhard Schulze, professeur d'islamologie et de philologie orientale à l'université de Berne, qui hérite de la difficile mission « de faire admettre à Tariq Ramadan qu'il devait modifier sa thèse afin qu'elle devienne acceptable pour un jury d'université ». Cela va mettre plusieurs années.
Le prédicateur obtient malgré tout la possibilité de présenter un exposé bénévolement une heure par semaine à l'université de Fribourg, ce qui va lui permettre de se présenter comme professeur d'université en France. La thèse est publiée en France aux éditions Tawhid en 2002, préfacée par Alain Gresh, rédacteur en chef du Monde diplomatique.
Lire aussi Tariq Ramadan aurait usurpé ses titres universitaires
Tariq Ramadan ne donne bien évidemment pas la même version de cette affaire rocambolesque. Dans Faut-il faire taire Tariq Ramadan ?, il assure que Charles Genequand a été désavoué. « Le doyen de l'époque et le collège des professeurs lui ont donné tort sur sa gestion du dossier et ont demandé la reconstitution d'un jury », assure-t-il (2).
Théologie de la libération
Pourquoi Jean Ziegler a-t-il remué ciel et terre pour le prédicateur controversé ? Affaire de contexte. Dans les années 90, Tariq Ramadan militait à gauche, sinon à l'extrême gauche, flirtant avec les trotskystes. Il réussissait souvent à convaincre que les Frères musulmans, persécutés en Égypte, étaient des humanistes, non violents, à l'idéologie comparable à celle des chrétiens progressistes d'Amérique du Sud, adeptes de la théologie de la libération. Le prédicateur multipliait les contacts avec des figures connues du christianisme, comme l'abbé Pierre, Mère Teresa, monseigneur Gaillot, les membres du groupe d'amitié islamo-chrétienne, ou encore le père Christian Delorme, le « curé des Minguettes » dans la région lyonnaise.
(1) Ian Hamel, La Vérité sur Tariq Ramadan. Sa famille, ses réseaux, sa stratégie. Éditions Favre, 358 pages.
(2) Aziz Zemouri, L'Archipel, 2005.
Spécialiste de la philosophie arabe médiévale (il a fait sa thèse sur Averroès), Charles Genequand demande en 1994 à Tariq Ramadan d'apporter de multiples corrections à son mémoire de pré-doctorat. Mais ce dernier refuse. Mieux, « il harcèle les membres du jury pour obtenir [sa thèse] au plus vite » (1). L'étudiant va même jusqu'à menacer un autre membre du jury, Ali Merad, professeur émérite à l'université de la Sorbonne Nouvelle Paris-III. Résultat, trois membres du jury démissionnent. Que fait Tariq Ramadan ? Il se lance dans la théorie du complot : c'est parce qu'il est arabe que l'université lui refuserait sa thèse !
Actif dans les campagnes électorales
Il reçoit le soutien du sociologue Jean Ziegler. Internationalement connu depuis la publication de La Suisse lave plus blanc, qui met en cause le blanchiment d'argent, Jean Ziegler est député socialiste au niveau fédéral. Sa compagne, Erica Deuber-Ziegler, est députée communiste au Grand Conseil (le parlement genevois). Ils mobilisent aussitôt leurs amis, politiques, intellectuels, universitaires. Il faut savoir que, lors des campagnes électorales, Tariq Ramadan et l'un de ses frères n'ont pas ménagé leur peine pour faire élire Jean Ziegler, maniant la colle et distribuant des tracts.
Face à une mobilisation de la gauche (elle est minoritaire dans le canton, mais majoritaire en ville de Genève), l'université prend peur, elle craint le scandale. La Cité de Calvin n'aime pas les polémiques autour de l'islam, d'autant qu'elle accueille beaucoup de riches Saoudiens, Koweïtiens et Émiratis. En catimini, la faculté décide de constituer un second jury afin de donner « une nouvelle chance » à Tariq Ramadan. Tâche particulièrement complexe, les candidats ne se bousculent pas en Suisse francophone. C'est finalement un Allemand, Reinhard Schulze, professeur d'islamologie et de philologie orientale à l'université de Berne, qui hérite de la difficile mission « de faire admettre à Tariq Ramadan qu'il devait modifier sa thèse afin qu'elle devienne acceptable pour un jury d'université ». Cela va mettre plusieurs années.
Fermeture des portes de l'université
Reinhard Schulze n'a jamais été convaincu par le travail de son élève. Mais il accepte que ce dernier puisse interpréter à sa manière l'histoire des idées. La thèse, intitulée « Aux sources du renouveau musulman. D'al-Afghâni à Hassan al-Banna, un siècle de réformisme islamique », explique, sans rire, que les Frères musulmans, qui considèrent « tout contact mixte en tête à tête comme un crime susceptible d'être sanctionné », ont bien apporté un réel renouveau à la pensée islamique… Le jury fait le « job » et accepte la thèse en 1999, mais il ne lui accorde même pas la mention « très honorable », ce qui signifie en langage universitaire que les portes des facultés de Suisse sont fermées à Tariq Ramadan.Le prédicateur obtient malgré tout la possibilité de présenter un exposé bénévolement une heure par semaine à l'université de Fribourg, ce qui va lui permettre de se présenter comme professeur d'université en France. La thèse est publiée en France aux éditions Tawhid en 2002, préfacée par Alain Gresh, rédacteur en chef du Monde diplomatique.
Lire aussi Tariq Ramadan aurait usurpé ses titres universitaires
Tariq Ramadan ne donne bien évidemment pas la même version de cette affaire rocambolesque. Dans Faut-il faire taire Tariq Ramadan ?, il assure que Charles Genequand a été désavoué. « Le doyen de l'époque et le collège des professeurs lui ont donné tort sur sa gestion du dossier et ont demandé la reconstitution d'un jury », assure-t-il (2).
Théologie de la libération
Pourquoi Jean Ziegler a-t-il remué ciel et terre pour le prédicateur controversé ? Affaire de contexte. Dans les années 90, Tariq Ramadan militait à gauche, sinon à l'extrême gauche, flirtant avec les trotskystes. Il réussissait souvent à convaincre que les Frères musulmans, persécutés en Égypte, étaient des humanistes, non violents, à l'idéologie comparable à celle des chrétiens progressistes d'Amérique du Sud, adeptes de la théologie de la libération. Le prédicateur multipliait les contacts avec des figures connues du christianisme, comme l'abbé Pierre, Mère Teresa, monseigneur Gaillot, les membres du groupe d'amitié islamo-chrétienne, ou encore le père Christian Delorme, le « curé des Minguettes » dans la région lyonnaise.
(1) Ian Hamel, La Vérité sur Tariq Ramadan. Sa famille, ses réseaux, sa stratégie. Éditions Favre, 358 pages.
(2) Aziz Zemouri, L'Archipel, 2005.
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